On parle souvent d’empathie. Le mot est partout. Il a pris une grande place dans nos vies.
Nous ressentons parfois trop d’empathie, parfois pas assez. On nous juge sur la façon dont on l’exprime. On apprend aux enfants à en montrer un peu. Les soignants, eux, apprennent à s’en protéger.
Quand on accompagne quelqu’un en difficulté, la première chose à ajuster, c’est la bonne distance. Ni trop près, ni trop loin de la souffrance de l’autre.
Sortir de la compétition pour la médaille d’or de l’empathie
Il arrive qu’on consulte pour régler un problème d’empathie. Parfois, c’est un excès, parfois un manque. Ce sujet revient souvent en séance.
J’ai remarqué que beaucoup cherchent à être les plus empathiques. C’est devenu une sorte de compétition. On veut tous la version la plus pure de cette qualité. Mais à force, on s’épuise et on se perd.
Je vais expliquer pourquoi trop d’empathie peut nuire à la relation.
Que se passe-t-il pour l’autre quand notre empathie déborde ?
Les séries aiment montrer des héros sans empathie. Cela fascine. Aujourd’hui, l’empathie est vue comme une preuve d’humanité.
Mais il y a un risque plus banal : que se passe-t-il pour l’autre quand on en fait trop ? Et pour nous, quand on reçoit trop d’écoute ?
Petite anecdote personnelle
Quand j’avais une trentaine d’années, j’ai vécu une rupture difficile. Mon compagnon est parti faire le tour du monde. J’étais dévastée.
Un ami m’a offert une cassette de blues pour me consoler. Mais la douleur restait.
Un jour, un groupe d’amies est venu me soutenir. Elles ont partagé leurs propres peines de cœur. Elles voulaient m’aider, me montrer que tout passe.
Pourtant, plus elles parlaient, plus je me sentais mal. J’étais noyée dans leurs histoires. Je n’arrivais plus à parler de la mienne. Après leur départ, je me sentais encore plus seule.
Leur soutien, pourtant bienveillant, m’a privée de l’espace dont j’avais besoin pour avancer à mon rythme.
Trop d’empathie peut figer la souffrance. On croit aider, mais on enferme parfois l’autre dans sa douleur.
Les phrases toutes faites comme « un de perdu, dix de retrouvés » sont mal vécues. Mais même une aide sincère peut éloigner du soulagement recherché.
En conclusion
La souffrance inspire le besoin de réconforter. C’est naturel. Mais face à certaines douleurs, vouloir consoler peut aggraver la peine.
Les mots de réconfort peuvent sembler incompréhensibles à celui qui souffre. Parfois, l’idée même d’aller mieux paraît impossible.
Dans ces cas-là, toute parole peut sembler dérisoire, voire insupportable.
Il faut donc rester vigilant. Vouloir trop soulager l’autre peut être contre-productif. Parfois, il vaut mieux écouter, sans chercher à tout prix à consoler ou à donner des conseils.
L’essentiel est de respecter la singularité de la souffrance de l’autre. Ne pas forcer le mieux-être. Laisser à chacun le temps de trouver sa propre voie.